L'islam en Italie : une histoire récente |
L'arrivée de l'Islam en Italie En mettant de côté « l'Âge d’or » de l’Islam en Sicile, on peut dire que l’Islam n’est arrivé en Italie qu’aux années 70, provenant principalement de la Tunisie, et plus tard du Maroc, Syrie, Jordanie et Sénégal. À partir des années 90 l’immigration en Italie a augmenté, incluant de nouvelles zones de migration comme les Balkans et l’Asie sud-orientale. À la différence d'autres pays européens, les provenances sont beaucoup plus diversifiées et en fait on passe du Maghreb au Machrek (Égypte, Liban, Palestine, Syrie et Irak), de l’Afrique subsaharienne aux pays des Balkans, l’Iran, le Bangladesh et le Pakistan. La communauté marocaine est la plus large et ancienne parmi les communautés musulmanes. En outre, contrairement aux autres Islams européens, l’Islam italien n’est ni un Islam colonial, comme en France, ni un Islam basé sur des agencements entre les entreprises italiennes et un pays en particulier riche en main-d’œuvre, comme c'est le cas par exemple de l’Islam turque en Allemagne. L’Islam italien est plutôt un groupe de gens très différents entre eux venus dans un ordre aléatoire pour des raisons principalement économiques et qui ont formé une vraie communauté pluraliste. Le nombre des musulmans en Italie arrive approximativement à 2 millions ( 2.520.000 selon la recherche amenée par la fondation ISMU). Ce chiffre reste relatif, et quelquefois il est exprimé de façon subjective, en fonction de la position du locuteur par rapport à sa perception de l'Islam, fluctuant ainsi entre 1.600.000 et 2.500.000). Or, il est difficile de donner un chiffre sûr et précis sur le nombre des musulmans en Italie car il n y a pas de données officielles sur la confession religieuse des gens. On se réfère ainsi aux individus provenant d'une nation dont la confession religieuse principale est islamique. Le terme correct à utiliser serait « musulman sociologique". L'Islam comme religion "étrangère" Malgré l'Islam soit la deuxième religion du pays, il est encore perçu en Italie comme une religion « étrangère », et son intégration dans le panorama civique et institutionnel italien est laissée à la bonne volonté des pratiques locales, souvent promues par des acteurs civils de la société. En outre, l’Islam en Italie n’est pas organisé légalement comme une « religion » mais plus généralement comme une expérience culturelle et ethnique. En fait, dans très peu de cas les musulmans arrivent à bénéficier des avantages des dispositions spéciales pour la liberté religieuse que la loi italienne offre. L’Islam, donc, comme le définit Alessandro Ferrari dans Islam in Italy: The « Ghost » Religion, existe sous forme de « non-religion » dans un pays religieux, en se basant sur des formes organisationnelles qui déguisent sa dimension religieuse. Malgré les cinquante ans qui se sont passées dès la stabilisation des musulmans en Italie et la présence désormais de la « deuxième génération », non seulement les communautés musulmanes n’ont pas été fusionnées dans une seule entité religieuse, mais, surtout, l’Islam reste encore en Italie, à bien des égards, une religion étrangère. Cela est dû, avant tout, au fait que la loi de la citoyenneté italienne est profondément liée à une forte conception du ius sanguinis et, puis, aux difficultés d’un processus plein d’obstacles bureaucratiques. En conséquence de ces défis, le nombre de « Musulmans italiens » naturalisés reste pas suffisamment significatif. Cet aspect « étranger », qui empêche aux musulmans d’être, ou peut-être, de devenir une force politique et électorale influente, adresse les débats publics de l’Islam sur l’immigration, l’ethnicité et la sécurité, mais rarement sur le droit à la liberté religieuse. Les défis des jeunes musulmans Les centaines de milliers d’Italiens qui se sont convertis à l’Islam et, plus important, les jeunes, pourraient changer cette perspective. Leur maîtrise de la langue italienne et du « style de vie » italien les rend des médiateurs entre leur communauté religieuse et la société et les institutions italiennes. Ce rôle de pont est joué aujourd’hui aussi par les jeunes de la « deuxième génération », des hommes et des femmes nés en Italie qui, interprétant leur identité multiple comme une force plutôt qu’une limitation, sont en train de s’éloigner d’un rôle purement symbolique ou « décoratif » pour adopter une position de leader au sein de la communauté musulmane. Ces jeunes musulmans ont énormément de défis à surmonter pour pouvoir s’affirmer sur la scène civique et politique. À part toutes les limitations bureaucratiques, la société aussi n’aide pas vraiment. À peine qu’ils dédient du temps pour créer un espace de débat et des moments de dialogue pour augmenter la sensibilité et le niveau de connaissances sur les thématiques de leur religion pour contraster l’ignorance, ils se trouvent déjà à faire face à la mauvaise information qui atteint son apogée dès qu’on entend parler des attentats. Aujourd’hui plus que jamais il est important, pour la communauté islamique résidant en Italie, de savoir communiquer avec la société environnante. Et pourtant on est dans une phase où la communauté a du mal à le faire, aussi parce que les leaders religieux sont souvent de première génération et, parmi eux, peu ont une maîtrise de l’Italien et une bonne connaissance de la culture et des traditions italiennes. |